Géométrie et philosophie "jamboniennes"
Vous avez sans doute, comme moi, chers lecteurs et lectrices, souffert dans votre adolescence sur des exercices de géométrie euclidienne, lorsqu'il fallait, par exemple, déterminer le volume d'un décaèdre. Et pourtant, c'était à l'époque où l'univers n'avait encore que trois dimensions spatiales, sans compter la dimension temporelle incluse dans la théorie de la relativité de ce cher Albert. Mais quand on a quinze ans, on se fiche pas mal du temps, on se croit éternel ! Depuis lors, les choses se sont un peu complexifiées puisque selon la dernière théorie dite des «cordes» élaborée par les astrophysiciens, l'univers pourrait comporter 10 dimensions, et j'avoue que je n'aimerais guère être à la place des lycéens d'aujourd'hui.
Cela étant, il arrive, aux adultes, d'être confrontés à un problème complexe de géométrie..... «jambonienne» qu'ils semblent résoudre avec une facilité déconcertante. Voyons ce problème: Une tranche de jambon a trois dimensions dont deux (hauteur et largeur) sont déterminées par la forme du jambon et la troisième, l'épaisseur, par le desiderata du client. A cet égard les qualificatifs utilisés par les clients pour passer leur commande sont du genre : très fines, fines, assez fines, pas trop épaisses, assez épaisses et épaisses . Les quelques huluberlus qui les demandent très épaisses à mon avis se trompent de produit et feraient mieux de commander du jambonneau.
C'est toujours un grand étonnement pour moi de constater que le charcutier, dès qu'il entend la commande opine du bonnet en connaisseur sans un instant d'hésitation, et ce quelque soit l'épaisseur demandée, règle sa machine et débite les tranches. Et jamais au grand jamais je n'ai entendu un client contester - moi le premier - et dire «oh mais elles sont trop épaisses vos tranches fines ou elles sont trop fines vos tranches épaisses », ce qui est surprenant, non ?
C'est d'autant plus surprenant que l'on sait que les commerçants alimentaires n'ont pas une échelle uniforme quant à la manière de servir leurs clients. Ainsi dit-on de certains bouchers ou charcutiers qu'ils ont la main lourde pour dire qu'ils servent "généreusement". Ce qui fait que, si nous reprenons notre échelle d'épaisseurs de tranches de jambons (très fine, assez fine, fine, pas trop épaisse, assez épaisse, épaisse) selon que l'on est servi par un charcutier qui a la main lourde ou non on risque d'obtenir pour une catégorie donnée des tranches d'épaisseurs différentes. Ainsi les «fines» d'un charcutier ayant la main lourde correspondent aux « pas trop épaisses » d'un qui ne l'a pas.
Ceci m'amène à penser que le desiderata du client dans l'affaire n'est qu'une pure formalité de langage et non un elément déterminant. Et pour en trouver l'explication faisons un peu de philosophie : la vie humaine est soumise aux aléas de toute nature (comme on le voit aujourd'hi avec le covid 19) qui fait que personne ne maîtrise réellement son destin, ce qui est psychologiquement insupportable. Donc en faisant comme si les tranches de jambon reçues correspondent à celles demandées, le client introduit dans sa vie un évènement dont il a le contrôle, ce qui lui procure un réconfort psychologique. Ainsi acheter du jambon à la coupe apporte du baume à l'âme. Donc quand vous avez le "blues" achetez du jambon ce qui nous fait dire que dans le cochon tout est bon !
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Je salue le dévouement et le courage de celles et ceux qui prennent en charge et soignent les malades du Covid19 ainsi que de celles et ceux qui assurent les fonctions économiques essentielles qui nous permettent de continuer à vivre.
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Texte et photos Ulysse
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